STOLL/NAHON 

Wohnkombinat est l’appellation donnée en Allemagne de l’Est au grands ensembles d’habitation. Ils étaient un des fondements de la construction de la société socialiste en RDA. Aujourd’hui certaines villes se vident et ces bâtiments sont démantelés. L’installation « Wohnkombinat 9 » montre une photographie couleur (Hervé Nahon) présentant un immeuble à Schwedt/Oder dans l’Est de l’Allemagne et la met en contexte avec une réflexion sur la transformation de cette société. Le texte (Simone Stoll) est écrit, gravé dans une plaque de verre acrylique transparent qui est suspendue devant la fenêtre d’une ancienne chambre avec vue sur la plaine du Lubéron. Deux réalités se superposent. Des mémoires de lieux se croisent.


Wohnkombinat 9, Chambre 20 2002
Installation in situ, Château de Lauris (Vaucluse, France), 2002
Photographie, plaque acryl glass, texte



Memory
POWER OF THE MIND BY WHICH FACTS CAN BE REMEMBERED

Standing in front of what once used to be WOHNKOMBINAT 9. PLATTENBAU at its best. They are taken apart little by little, bit by bit. The façades have been sliced off and left monumental houses of cards, skeletons in slabs of concrete. We can follow the DECONSTRUCTION in every detail. Each box has been cored; left-overs of somebody’s intimate space are still present on the walls. Feels intrusive to walk around and seek for traces of people’s interior, some time ago. The thin partitions make me imagine the noises from next door. Travelling sounds from floor to floor made you participate in your neighbours life. Accompanied by someone who used to live in here and who never wanted to leave until she turned out to be the last tenant. Difficult to understand what it was she had clung to. There must have been a lot of hope and believe, those days. Represented in certain innovations like these housing estates and the whole town planning, of course. To me, it’s all so violent. To others, just normal. To you, it might be an interesting case-study. We all refer to our own experiences, are tied to memories of our own forming our view. Our comprehension. That architecture became the symbol of egalitarianism. I always thought it to be oppression. Never experienced it, only imagined. Can’t relate to it. Just surface and ideology. We all feed our visions to keep them alive. Here something is being wiped out. I still think GOOD RIDDANCE ! But for the woman who once lived in here, it’s all another story. She finally accepted to move and now takes strangers to visit what once used to be her HOME.

Simone Stoll


MÉMOIRE
LE POUVOIR DE L’ESPRIT PAR LEQUEL ON SE REMÉMORE LES FAITS.

Devant ce qui était une fois le WOHNKOMBAT 9. PLATTENBAU à son mieux. Ils sont démontés petit à petit, morceau par morceau. Les façades ont été tranchées et laissées telles de monumentales maisons de cartes, des squelettes en dalles de béton. Nous pouvons suivre la DÉCONSTRUCTION en détail. Chaque boîte a été éventrée; des restes d’espace intime sont encore présents sur les murs. Il semble indiscret de se promener à la recherche de traces d’intérieurs habités il y a quelque temps. Les minces cloisons me laissent imaginer les bruits d’à côté. Des bruits qui voyageaient d’étage en étage vous faisaient participer à la vie de votre voisin. Accompagnée par quelqu’un qui habitait ici et qui n’avait jamais voulu partir jusqu’à ce qu’elle en devienne la dernière locataire. Difficile  de comprendre ce qui la retenait. Il devait y avoir alors beaucoup d’espoir et de croyance, représentés bien sûr par les innovations comme les lotissements et toute l’urbanisation en général. Pour moi, tout cela est tellement violent. Pour d’autres, c’est juste normal. Pour vous, ça pourrait être un cas intéressant d’étude. Nous nous référons tous à nos propres  expériences. Nous sommes liés aux souvenirs de l’éducation qui détermine notre propre point de vue, notre compréhension. Cette architecture est devenue le symbole de l’égalitarisme. Je ne l’ai jamais expérimenté, juste imaginé. Je ne le comprends pas. Que de la surface et de l’idéologie. Nous alimentons tous nos visions pour les tenir en vie. Ici, quelque chose est effacé. Je pense  encore BON DÉBARRAS ! Mais, pour la dame qui vivait ici, c’est une toute autre histoire. Elle a fini par accepter et désormais fait visiter à des inconnus ce qui a été sa MAISON.

Texte de Simone Stoll, traduction F. Finizio