Pascale MIJARES 

La nef des fous
Après avoir côtoyé durant deux ans les couloirs de l'hôpital psychiatrique Montperrin, où elle a travaillé comme artiste résidante au sein du "3bis f, lieu d'arts Contemporains", Mijares expose une série d'installations nées de ses observations et de ses questionnements sur les notions - toutes fragiles - de folie et d'internement. Où se trouve la frontière entre raison et déraison ? A qui appartient le pouvoir de juger des ses états ? Quelles sont les réponses de la société et du corps médical ? Qui sont finalement les manipulateurs et les manipulés ?
Explorant et utilisant ingénieusement l'architecture, difficile, de cet ancien pavillon de force pour femmes, Mijares nous confronte, entre autres, à l'espace clos d'une cellule dont la seule lucarne nous fait pénétrer dans la chambre d'un enfant caché sous ses draps ; ou à cette autre, ouverte, dont le sol est recouvert de cotons-tiges, débordant dangereusement de leur boîte.
Impressionnants aussi, ce baby-foot géant dont les footballeurs ont été remplacés par des sacs polochons rayés nous faisant face à hauteur de visage ou cette table de conférence, massive, suspendue au-dessus de nos têtes. On est frappé par l'adéquation parfaite entre les sujets de réflexion proposés, le choix des objets mis en œuvre (pour la plupart collectés au sein de l'hôpital) et leur mise en espace ( suspension menaçante, objet scellé au mur, espaces clos ... ) ; on est affecté par ce travail bavard mais silencieux qui nous rappelle cette phrase de Michel Foucault dans l'Histoire de la folie :
"L'instant où, ensemble, naissent et s'accomplissent l'œuvre et la folie, c'est le début du temps où le monde se trouve assigné par cette œuvre, et responsable de ce qu'il est devant elle.".
Géraldine Basset, Libération, mercredi 24 mai 2000

After frequenting the halls of the Montperrin psychiatric hospital, where she worked for a two year period as a residing artist at the "3bis f, contemporary arts center", Mijares exposes a series of installations spawned by her observations and questionings on the fragile notions of madness and internment. Where is the frontier between reason and insanity? Whoholds the power to judge these states? How does society and medicine respond? And ultimately, who are the manipulators and the manipulated?
Exploring and making ingenious use of the difficult architecture that constitutes this former women’s confinement block, Mijares confronts us with the closed space of a cell whose only dormer window allows us to penetrate into the room of a child hiding under the sheets, or in another, open this time, whose floor is covered with q-tips, dangerously overflowing their boxes.
Also quite awe-inspiring is this giant table football whose players have been replaced by striped duffel bags that face us at eye level, or this massive conference table suspended above our heads. One is smitten by the perfect adequation between the proposed subjects of reflection, the choice of the objects deployed (collected for the most part within the hospital) and their organization in the space (threatening suspension, an object sealed intothe wall, a confined space...). This talkative yet silent work produces quite an effect and bringsto mind this passage by Michel Foucault in the History of Madness:
"The moment where, œuvre and madness come into being and attain fruition,is the beginning of a time in which the world finds itself summoned by this œuvre and held responsible for what it is before it."
Géraldine Basset, Libération, Wednesday, May 24th, 2000

Sans dessus dessous de table Baby-fou Chair impassible
Pas vu pas pris La goutte d'eau

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