Pascale MIJARES 

Un jardin partagé, 2017
Commande publique pour la Bastide l’Evêque, Aveyron (12)
Ossature d’aubette, poteau, structure, palier et escaliers bois, éclairages divers, rocher en granite, portes, contenants en métal, plantes, objets divers, assises.

Réalisée lors de la résidence de territoires intitulée «point de repère, repère de points» 2016-2017, initiée par l’Atelier blanc avec la participation de la municipalité de la Bastide l’Evêque : maire, élu(e)s, secrétaires de mairie, service technique de la commune, du syndicat d’initiative, de la bibliothèque municipale et des habitants du Bas Ségala.

J’ai choisi de concevoir un espace ouvert au public, permettant de se rencontrer, se détendre, lire ou jardiner, afin d’engager une action commune allant au-delà de l’investissement de nombreuses personnes lors de la réalisation de l’oeuvre et de sa conception.
Depuis janvier 2016 la fusion de trois communes (Bastide l’Evêque, Saint-Salvadou et Vabre-Tizac) a donné la nouvelle commune du Bas Ségala. Il était important de marquer cette union et d’installer une œuvre qui a sollicité la participation de chacun sur l’étendue du territoire.
Il convient aussi de soumettre au spectateur une implication, qu’il soit habitant ou de passage. Une action qui avant de redessiner des liens entre humains, bouleverse les relations à l’art, modifie les aprioris. Chacun peut s’approprier l’œuvre.
La proposition symbolise ces valeurs fragiles des relations entre les hommes. Elle génère le lien social, favorise les échanges, le don de soi et le partage. Ces valeurs sont trop souvent balayées par l’individualisme ambiant, par la crainte de la différence, galvaudées par la technologie.
L’œuvre révèle une ouverture au sens large. Elle traduit mon regard sur le territoire.
Le bâti et son extension sur le second niveau, en référence aux caractéristiques des autres bastides du Rouergue, est « schématisé », non cloisonné. Le poteau renvoie à la communication, le rocher représente les liens entre l’homme et la nature, les nombreux objets contenants les plantes nous donnent des indications sur l’histoire du lieu, de la région, témoignent du passé comme du présent. Les assises permettent d’apprécier différents points de vue, d’appréhender le paysage, ses odeurs, ses sons,
Par définition, l’abri est un lieu permettant de se protéger d’éléments extérieurs, une construction permettant de se mettre à couvert des dangers ou intempéries. Ici c’est un espace totalement ouvert, perméable, sans frontière pour l’humain ni pour la nature. Il n’existe aucune membrane entre l’intérieur et l’extérieur, la notion de propriété s’échappe.
Le lieu de vie est espace de protection et d’intimité, il couvre un large champ lexical dont le mot résidence. Invitée à séjourner en résidence artistique, j’ai pensé inclure la notion d’atelier (lié à l’intime) et d’exposition dans l’installation. J’ai intégré des objets qui renvoient à des œuvres existantes et en devenir.
L’habitat est prépondérant de mes préoccupations, signifié sous forme d’immeuble, de cabane, de nichoir et de ruche, ou par ses revers : bidonville, caravane, abri de fortune ou par l’absence même de logement. L’habitat demeure un bien face auquel les hommes sont inégaux. C’est un besoin vital incluant la protection climatique, la protection des dangers, l’hygiène et la nourriture indispensables à la survie. Dans l’antiquité, les premières règles établies étaient réunies selon 4 priorités : manger, dormir, se protéger et communiquer. Par la suite on a dissocié le toit de la nourriture qui en était pourtant le centre.
Sur une place du village, à l’ombre d’un platane, l’œuvre pourrait faire office d’arbre à palabres.

 
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